FoodRest

Aujourd’hui, les fruits et légumes frais représentent la part la plus importante du gaspillage alimentaire dans les foyers. Le projet FoodRest, porté par deux équipes de recherche, vise à mieux comprendre les causes de ce gaspillage et à proposer des solutions pour le réduire.

Illustration pour Foodrest

Deux disciplines pour un même objectif

FoodRest est le fruit du travail collaboratif entre chercheurs issus de deux laboratoires de recherche de l’UBO aux disciplines très différentes.
Comment les membres de ces deux laboratoires se sont rencontrés ? Comment ont-ils réussi à travailler ensemble ?
Réponses avec Jérôme Mounier, responsable de l’axe « Fongique » au laboratoire Universitaire de Biodiversité et d’Écologie Microbienne (LUBEM), et Patrick Gabriel, directeur du laboratoire d’Économie et de Gestion de l’Ouest (LEGO).

Naissance d’un projet pluridisciplinaire

Avec Annick Tamaro, chercheuse au laboratoire LEGO et enseignante à l’ESIAB, école supérieure d’ingénieurs en agroalimentaire de Bretagne Atlantique, et Morgane Innocent, ingénieure de recherche au LEGO.

Comment est né le projet FoodRest ?

Annick Tamaro : Dans le cadre de mes cours, j’ai la volonté de mettre les étudiants les mains dans le cambouis et de leur proposer des projets tuteurés originaux, un peu en décalage avec les sujets habituellement proposés en école d’agroalimentaire. En parallèle des cours, je leur propose une initiation à la recherche par la réalisation d’une étude quantitative. En 2018/2019, l’un des sujets portait sur la gestion du frigo, un sujet que je voulais proposer depuis longtemps, après m’être rendu compte que tous n’ont pas les mêmes pratiques.

Morgane Innocent : Fin 2018 j’ai participé à la « Journée Interdisciplinaire de Recherche sur les Décisions des Consommateurs », organisée à l’IUT Paris-Descartes. Les rencontres étaient pluridisciplinaires, et les sciences humaines et sociales, comme le marketing ou la philosophie étaient associées à l’intelligence artificielle par exemple. J’ai trouvé ça génial et je me suis dit qu’il fallait mettre des projets de recherche interdisciplinaire au LEGO.

À la rentrée 2019, les représentants du LEGO et du LUBEM se sont rencontrés pour monter un projet ensemble, au cours des discussions, un sujet commun a émergé : le gaspillage alimentaire.

Quelles étapes après avoir trouvé un projet commun ?

A.T : Nous avons dû monter un dossier auprès de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour trouver des financements. Le LUBEM avait déjà de l’expérience dans ce domaine, ce qui n’est pas le cas du LEGO. Grâce à ce travail commun, le montage du dossier a pu être bouclé en 2 mois.

M.I : Il y avait une forme d’excitation et d’enthousiasme des deux côtés, nous avions fortement envie de travailler ensemble sur un projet interdisciplinaire.

Est-ce qu’il est facile de se comprendre quand on vient de deux disciplines différentes ?

M.I : Il n’est pas toujours forcément facile de se comprendre, il a fallu définir certains termes pour avoir la même définition. Mais les échanges sont fluides et il y a une réelle volonté de se comprendre. Les méthodes de travail sont différentes, mais chacun fait preuve de curiosité et a des choses à partager.

A.T : Les échanges sont faciles grâce à la bonne entente et la bienveillance entre les collègues, chacun fait preuve de curiosité et d’ouverture d’esprit.

Pourquoi avoir fait appel à des foyers volontaires ?

A.T : Faire appel à des non-scientifiques est une habitude pour les chercheurs du LEGO dans le cadre des projets de recherche. Pour le LUBEM, c’était plus une source d’inquiétude.

M.I : Nous voulions recruter 50 foyers volontaires, mais nous avons reçu 225 réponses suite à l’appel lancé en mars 2021. Il a fallu faire des choix pour sélectionner les participants. Le LUBEM a également dû modifier son protocole, initialement prévu pour 20/30 foyers, pour que la gestion des échantillonnages soit plus simple.

Est-ce que FoodRest est un projet de recherche participative ?

A.T : Pour moi oui, c’est complètement un sujet de recherche participative. Les foyers sont totalement impliqués dans le projet, ils participent au quotidien et ça leur demande beaucoup d’investissement en temps.

M.I : On peut aussi voir le participatif comme un outil du projet de recherche : on fait appel à des foyers participants à un moment donné du projet. Pour aller plus loin dans la démarche participative, une restitution sera faite auprès des familles, notamment pour leur présenter les résultats obtenus grâce à leur investissement.

A.T : On a eu beaucoup de chance car les foyers sont fidèles, compréhensifs et conciliants.

M.I : Oui, on a même pu changer le protocole en cours de projet. Nous avons programmé une visite de plus que prévus et nous avons changé la technique de pesée pour différencier les parties altérées des fruits et légumes et les éléments frais comme les épluchures.

L’implication des doctorants

Charlotte Veron et Damien Ballan sont doctorants à l’UBO. Dans le cadre de leur thèse, ils se consacrent à plein temps au projet FoodRest.
Leurs objectifs ? Comprendre les causes du gaspillage des fruits et légumes frais du point de vue comportemental et microbiologique.

Les outils de la recherche : des frigos au labo !

Tri des échantillons, mise en culture sur des boîtes de Pétri, observation microscopique… ce sont les gestes répétés par Damien Ballan au sein du laboratoire de microbiologie pour identifier les micro-organismes responsables de l’altération des fruits et légumes frais.

FoodRest - Analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - Analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - prélèvement - ©Mathieu Le Gall
FoodRest - prélèvement ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall
FoodRest - analyse microbiologique ©Mathieu Le Gall

La recherche participative

La recherche participative est une forme de collaboration entre citoyens et chercheurs pour produire des savoirs et des innovations scientifiques. Les disciplines et sujets abordés sont très variés, mais l’objectif est toujours d’impliquer les citoyens dans la recherche pour les rapprocher des scientifiques et de la science en général. La participation des bénévoles peut prendre plusieurs formes, notamment les sciences participatives qui appellent à la mobilisation par l’action.

En mars 2021, l’équipe FoodRest a lancé un appel à volontariat auprès des habitants du Finistère nord. Après avoir reçu plus de 200 réponses, les chercheurs ont sélectionné 50 foyers pour participer aux projets de recherche, en veillant à diversifier les familles pour avoir un échantillon représentatif de la population française. La famille Le Coze-Sarafian vous invite à découvrir son quotidien depuis que FoodRest s’y est installé.

« On ne demande pas aux foyers d’être des professionnels de la recherche. C’est à nous de fournir suffisamment de ressources, que ce soit des ressources informatives ou les poubelles connectées, pour que les données recueillies par les ménages soient exploitables et suffisamment fiables. » Patrick Gabriel, directeur du LEGO.

Les poubelles connectées ont été réalisées par les membres de l’UBO Open Factory qui ont mis leurs compétences et leurs matériels au service du projet de recherche.